Quatre personnes ont été arrêtées en Belgique pour avoir injecté le virus du sida au cours d'orgies homosexuelles

Publié le par ainsisoisje26

LE MONDE | 02.06.07 | 15h09  •  Mis à jour le 02.06.07 | 15h09
Bruxelles, correspondant


Cinq personnes au moins ont été contaminées, aux Pays-Bas, par le virus du VIH qui leur a été volontairement injecté au cours d'orgies homosexuelles. Quatre d'entre elles ont déposé plainte.

Selon la justice de Groningue, au nord-est du royaume, le nombre de victimes pourrait être beaucoup plus élevé. Une dizaine de personnes se sont déjà manifestées, en l'espace de 72 heures, au numéro vert spécialement ouvert pour récolter anonymement les témoignages sur cette affaire qui sidère le pays depuis qu'elle a été révélée, mercredi 30 mai.

Quatre suspects sont sous les verrous depuis le 13 mai. Trois d'entre eux, dont une femme, sont porteurs du virus du sida.

Au cours de soirées privées auxquelles ils conviaient les participants par le biais d'Internet, ils droguaient leurs victimes à l'aide de cocktails mêlant du GHB - acide gamma-hydroxybutyrate, dit "drogue du viol" - et de l'ecstasy. Puis les hommes les violaient et leur injectaient parfois un mélange de leurs sangs respectifs contaminés. La quatrième personne est soupçonnée d'avoir fourni la drogue.

Le groupe aurait, semble-t-il, commencé ses méfaits il y a près d'un an. Deux des personnes mises en examen, et qui ont passé des aveux, ont livré des explications confuses. Elles ont déclaré aux policiers qu'elles entendaient "faire plaisir" à leurs victimes en les contaminant, puisque cela leur permettrait, par la suite, d'avoir des rapports sexuels non protégés. Les trois organisateurs des soirées, âgés de 33 à 48 ans, auraient eux-mêmes échangé leur sang.

La police et la justice sont mises en accusation pour avoir réagi tardivement aux informations inquiétantes qui leur seraient parvenues il y a plusieurs mois. Les responsables de l'enquête évoquent la difficulté de récolter des témoignages sur une affaire de ce genre.

Ils auraient toutefois lancé des avertissements à certaines victimes potentielles tout en tentant d'accumuler preuves et témoignages.

D'après divers spécialistes néerlandais, l'affaire est d'autant plus complexe qu'elle n'implique pas uniquement des homosexuels : les participants à ce genre de soirées sont souvent des bisexuels ou des hétérosexuels, parfois mariés, en quête d'expériences nouvelles.

Le dossier inquiète les autorités sanitaires parce qu'il révèle, en tout cas, une banalisation du danger du sida, voire une tendance, répandue dans certains milieux, à jouer avec le risque de contamination. Des homosexuels s'adonnent désormais régulièrement à ce qu'ils appellent la "roulette grecque", à savoir des rapports non protégés avec des hommes porteurs du VIH.

Ab Klink, le ministre de la santé, a annoncé, jeudi 31 mai, l'ouverture d'une enquête sur l'Association HIV Pays-Bas (HVN) et sur l'un de ses groupes de travail, baptisé Positif et fier (Poz & Proud).

Ce dernier pourrait être impliqué dans l'organisation de soirées homosexuelles au cours desquelles on vanterait les rapports sexuels non protégés. HVN, une organisation de volontaires, touche des subventions pour promouvoir, au contraire, la prévention de la transmission du virus et soutenir les personnes infectées.

D'autres associations homosexuelles du pays refusent de banaliser l'affaire de Groningue mais soulignent qu'elle est l'oeuvre d'un tout petit groupe "qui n'a rien à voir avec l'homosexualité", comme le dit Henk Krol, rédacteur en chef du Gaykrant. "Les gens qui se livraient à cela étaient tout simplement des fous", explique-t-il.

 
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 03.06.07.

Publié dans Ca tourne pas rond

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