Découverte en Charente de gravures plus anciennes que celles de Lascaux

Publié le par ainsisoisje26

Dimanche 05 février 2006, 19h25


Des gravures datant d'environ 25.000 ans avant notre ère, donc beaucoup plus anciennes que celles de Lascaux, ont été découvertes sur les parois d'une grotte à Vilhonneur près d'Angoulême (Charente), selon la préfecture de Charente et le ministère de la Culture.

"C'est plus ancien que Lascaux, c'est la première chose que disent les scientifiques. Mais ils n'en disent pas plus pour l'instant", a indiqué dimanche à l'AFP le préfet Michel Bilaud. Des experts sont attendus dans les jours prochains sur le site.

"C'est sûrement intéressant parce que c'est très très vieux. Mais au plan événementiel, touristique, ce n'est absolument pas Lascaux". Les fresques de la célèbre grotte de Dordogne, chef d'oeuvre de l'art préhistorique classé patrimoine mondial de l'Humanité, remontent à 17.000 ans avant JC.

Selon le ministère de la Culture, ces vestiges -gravures sur parois, ossements humains et d'animaux- datent "du paléolithique supérieur, période gravettienne, autour de 25.000 ans" avant notre ère.

"Pour intéressantes qu'elles soient, ces découvertes s'inscrivent dans la lignée des grottes connues comme celles de Cussac en Dordogne, et ne présentent pas pour l'instant de caractère spectaculaire comme celle de la grotte de Cosquer (Bouches-du-Rhône) et de Chauvet (Ardèche)", selon le ministère.

"Sur les photographies, j'ai vu une main et un visage. Cette découverte est qualifiée d'exceptionnelle", a pour sa part assuré le président du conseil général de Charente Michel Boutant. La découverte date de novembre mais n'a été révélée que vendredi lors des débats budgétaires au conseil général.

Spéléologue amateur, Gérard Jourdy, un retraité de 63 ans, se présente comme le "découvreur" de la grotte, située au fond d'un trou où les éleveurs de la région jetaient les animaux morts.

Il a donné à l'AFP les détails ce qu'il avait vu: "dans une petite salle, on a trouvé des ossements de hyènes, de deux hyènes, le squelette entier, c'est très rare".

"Dans la même salle, il y avait des ossements humains dans les gravats. On voyait bien des tibias, des vertèbres, les omoplates".

"Dans la grande salle, il y avait une main très jolie, très fine. Il n'y en avait qu'une, de couleur bleu cobalt. Quand on arrive dans la salle, on dirait qu'elle nous dit bonjour, c'est incroyable".

"J'ai ensuite vu une sculpture sur la paroi. C'était de la calcite (carbonate de calcium) formant une stalactite. Ils ont fait un visage de face, avec un peu le menton, la tête. Au milieu, il y avait une croix. On aurait dit qu'elle avait été faite au fusain".

"En bas, pour souligner la bouche, ils avaient fait un petit trait. C'est une pièce unique qui doit faire 50 cm de haut sur 40 cm de large. Quand j'ai emmené les archéologues dedans, ils n'en sont pas revenus", a-t-il raconté, encore ému par sa découverte.

Le préfet de Charente est beaucoup plus prudent. "Il y a des traces d'occupation humaine. Tout cela va être expertisé scientifiquement. Il y a des ossements, des traces au mur. Il y a une empreinte de main. Le reste, c'est des tâches, il n'y a rien de figuratif", a-t-il indiqué.

Interrogé sur un éventuel visage, il a répondu: "laissons l'expertise scientifique avoir lieu, on n'est absolument pas sûr que cela soit un visage".

"La première chose faite par le propriétaire, ça a été de murer" l'entrée de la grotte, a souligné le préfet. "Il n'y a rien à voir car tout est muré. Et on ne montrera rien tant que l'expertise scientifique n'aura pas été faite, et tant que les mesures de protection juridique n'auront pas été prises".

Les marges de la façade ouest du Massif Central ainsi que le versant septentrional de la chaîne pyrénéenne possèdent l'une des plus importantes concentrations en grottes ornées paléolithiques d'Europe.

Publié dans Actus

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