syndrome de Stockolm

Publié le par ainsisoisje26

Lundi 28 aout 2006, 15h15


La jeune Autrichienne séquestrée Natascha Kampusch a témoigné lundi, dans sa première déclaration depuis son évasion, d'un certain attachement à son ravisseur, dont elle porte "le deuil" malgré l'angoisse d'un isolement de huit ans.

"Il faisait partie de ma vie, c'est pourquoi d'une certaine manière je porte son deuil", a déclaré la jeune fille à propos de son ravisseur Wolfgang Priklopil, 44 ans, qui s'est suicidé mercredi soir, dans un texte lu en son nom à la presse à Vienne par son principal conseiller psychiatrique, Max Friedrich.

Ce médecin a adressé en préambule un appel pressant aux médias pour que Natascha, 18 ans, ne soit pas harcelée: "elle est fortement traumatisée, victime d'un crime grave".

"Voulez-vous vraiment qu'elle soit maintenant la victime des médias?", a-t-il lancé devant les caméras et les micros, au siège de la police judiciaire fédérale autrichienne (BKA).

"Il est certainement vrai que ma jeunesse a été différente de celle de beaucoup d'autres, mais en principe je n'ai pas le sentiment d'avoir raté grand chose", dit la jeune fille qui a passé huit ans de réclusion dans une maison de Strasshof à 25 km au nord-est de Vienne, après son enlèvement à l'âge de dix ans en 1998.

"Je suis devenue une jeune femme, avec un intérêt pour la culture", estime-t-elle selon ce communiqué.

Dès mercredi, des experts avaient évoqué un comportement rappelant celui d'otages souffrant du "syndrome de Stockholm", qui prennent fait et cause pour leurs ravisseurs.

Natascha a aussi exprimé ses condoléances et sa sympathie pour Waltraud Priklopil, mère du ravisseur.

Elle a tenu a affirmer sa personnalité en apportant un démenti à certaines informations:

"Je ne l'ai jamais appelé maître (...) Ce n'était pas mon maître. J'étais aussi forte que lui. Symboliquement, il m'a portée à bout de bras, tout en me foulant aux pieds. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il était tombé sur la mauvaise personne", affirme la jeune fille.

Selon elle, Priklopil était le seul ravisseur en 1998. Le parquet de Vienne indique cependant qu'il continue à enquêter, sans preuves à ce stade, sur la possibilité d'un complice, comme l'avait alors signalé un témoin.

D'après Bernhard Lang, porte-parole du BKA, les enquêteurs examinent la possibilité que Priklopil - technicien méticuleux ayant longtemps préparé son coup - ait pu creuser d'autres pièces sous sa maison, en dehors de la chambre insonorisée où elle était souvent enfermée.

Natascha a eu à certains moment accès aux étages de la maison, laquelle était munie de dispositifs de "sécurité pour empêcher qu'elle ne s'échappe", a précisé le policier.

Natascha a présenté sa vie quotidienne: "lectures, travaux ménagers, regarder la télévision, discuter, cuisiner". C'était comme ça pendant des années, le tout accompagné d'angoisse liée à la solitude.

Elle a confirmé la version de son évasion mercredi dernier: Priklopil l'avait chargée de passer l'aspirateur dans une auto dans le jardin. Comme il s'était éloigné à cause du bruit, elle en a profité pour s'échapper tout en laissant l'aspirateur en marche pour couvrir sa fuite. "C'était ma chance".

"Je n'ai pas pleuré après ma fuite, il n'y avait pas de raison d'être triste", a précisé la jeune femme.

Enfin à l'adresse des médias, Natascha s'est indignée qu'on "la calomnie" et a refusé de parler de "sa vie intime".

Les enquêteurs se sont jusqu'ici montrés prudents sur la question de possibles relations sexuelles entre Natascha et Wolfgang Priklopil, laissant entendre qu'elles étaient consentantes.

"Laissez moi tranquille pour l'instant (...) Laissez-moi le temps de pouvoir raconter moi-même" ce qui s'est passé, a conclu la jeune femme dans ce texte, signé tôt lundi. "C'est moi qui déterminerai quand je prendrai contact avec les journalistes", a-t-elle signifié.

Entourée de psychologues, gardée dans un endroit secret où elle se "sent bien", elle reprendra contact quand elle le voudra avec ses parents, selon le Professeur Friedrich.

Publié dans Actus

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